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Récemment sont apparues à la Cagette des dattes en provenance d'un kibboutz du Negev. Il s'agit d'une variété particulière de dattes, dites Medjoul, issues du croisement de dattes et de prunes, donc particulièrement grosses et juteuses. Ces dattes sont exploitées historiquement dans la vallée du Jourdain, sont une appropriation culturelle israélienne et font l'objet de la part de la société civile palestinienne qui milite pour ses droits civiques (fin de l'apartheid, de l'occupation, de la colonisation, des expropriations, des arrestations, des assassinats, des démolitions, des abattages des champs d'oliviers et de fruitiers, des abattages de troupeaux de moutons, de la spoliation en eau, du vol des récoltes, des détentions arbitraires sans jugement ni procès, de la torture physique et psychologique, fin du blocus de Gaza, droit au retour des réfugiés) d'une demande de boycott. Alors que le gouvernement aux manettes en israel n'a jamais été aussi fasciste, que le désespoir des Palestiniens qui résistent ne peut aboutir qu'à une violence désespérée, il est important de s'interroger sur le respect qu'une coopérative soucieuse des conditions de vie des agriculteurs et d'exploitation de la terre, du partage de ses fruits et de la capacité à vivre ensemble peut tout simplement mettre en place en renonçant à vendre un produit venant d'israel. Que Samar soit un Kibboutz anarcho-bobo ne fait aucun doute, mais quel "vivre avec" les populations autochtones ils mettent en place, combien de bédouins du Negev et de Palestiniens de Cisjordanie vivent sur place avec eux et partagent leur quotidien (aucun probablement compte tenu des lois ségrégationnistes) mais qu'ils bénéficient dans tous les cas des infrastructures de l'apartheid (routes réservées aux juifs (choquant, isn't it?), système de commercialisation spécifique), des exonérations de taxes douanières et de toute la logistique que les grands exportateurs King Salomon et Jordan Valley ont mis en place pour écouler les dattes Medjoul sur le marché européen (confirmé par la livraison erronée d'une grosse boite de dattes King Salomon vue sur le bureau de la Cagette pour renvoi, donc même distributeur;-)).

On peut renoncer à vendre ces dattes sans connaître tout cela, "sans faire de politique", juste parce que cette exploitation est honteuse et contraire aux valeurs humaines de la coopérative et au respect de la vie des agriculteurs quelque soit leur nationalité ou origine, y compris nos amis israéliens qui ont plus que jamais besoin que nous soyons intransigeants sur nos valeurs.
par 🎖Jeune pousse d'épinard (170 points) dans Alimentation générale

3 Réponses

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Merci Anne-Marie pour ces précisions. SI l'on veut rester en cohérence, notamment avec la dernière citation au bas de la Cagette Express : Il n'y a pas de planète B. C'est à nous de réparer le monde que nous avons.António Guterres

Nous devons donc faire attention aux provenances des produits et je pense que cela est valable aussi pour tout ce qui relève des produits bio qui ne sont pas de saison et qui proviennent d'Espagne + les fruits exotiques venus par avion... Comment agir dès aujourd'hui pour ralentir la course folle contre le mur climatique ?

 
par 🎖Petit tofu (230 points)
Bravo Anne, je partage aussi tes remarques concernant les provenances des produits et leur temporalité!
Le tout en plein changement climatique, perte de biodiversité...!!!  Tout ceci est à aborder lors de la prochaine Agora
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entièrement d'accord avec Anne Marie

Or de question de commercialiser des produits des colonies occupées , territoires accaparés sur la terre de Palestine en chassant ses occupants et détruisant leurs biens et dans un contexte d'apartheid, ce qui rend leur commercialisation illégale!!

Pas de ça à la cagette!

On en reparle lors de la prochaine Agora
par 🎖Jeune pousse d'épinard (150 points)
edité par
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Salut Anne-Marie,

Merci pour ton message et de nous avoir transmit l'info de l'origine de ce produit.

Nous n'avions pas fait attention à la provenance de ce produit en le rajoutant à la gamme et cet ajout avait surtout été guidé par l'intérêt gustatif du produit : elles sont délicieuses !

Cela dit, ce produit n'ayant pas été demandé par un membre et ne semblant essentiel à la survie de personne, nous l'avons retiré des rayons. En effet il y a déjà des dattes mazarfati délicieuse (d'iran) juste à côté. Mais l'Iran n'étant pas non plus une grande démocratie, devrions nous les retirer des rayons ? plus largement, dans une période où l'humanité produit dans un système qui détruit tout, que restera t'il dans nos rayons si nous bannissons tout ce qui n'est pas pur ? .... pas grand chose. En tout cas, pas grand chose que je pourrais me payer avec mon salaire. Bref la question est très épineuse. 
Je me permets de te copier la réponse que je viens de faire à une autre question sur Open Bar car je trouve qu'elle touche aux mêmes questions.

A bienôt !

" La Cagette n'a pas vocation à prescrire ce qui est bon ou pas pour ses membres. Le projet est de réunir le plus de gens possible autour de valeurs alternatives : le but non-lucratif, le rejet des enseignes de grande distribution, l'organisation collective, l'ouverture à tous quel que soient les moyens, l'écologie, la bonne rémunération des producteurs... toutes ces valeurs peuvent être contradictoires les unes avec les autres et nous refusons donc de donner ce rôle d'arbitre des "bonne moeurs" à La Cagette. 

Nous tâchons de vivre en collectif, de tolérer les pratiques des un.e.s et des autres même quand elles nous déplaisent.

Si nous rentrons dans une logique de décision "politique" sur les produits, nous n'arriverons qu'à nous étriper et à diviser le collectif déjà fragile que nous avons réussi tant bien que mal à réunir.

Dois t'on interdire la viande ? Dois t'on acheter tout local ? Tout bio et exclure les personnes qui n'ont pas les moyens ? Qui est légitime pour juger des bonnes pratiques des autres ? Est t'il mieux de manger des mangues trois fois par an ou de la viande ? Est t'il mieux de manger des courgettes en hiver ou d'avoir une voiture... la prohibition, ça ne marche pas (surtout pas quand il y a d'autres dealers à tous les coins de rue) !

Si nous arrêtons de vendre un produit, quel en sera la portée, au delà de nous donner bonne conscience ? Les gens iront les acheter dans le supermarché d'à côté ?

Même si on n'est pas d'accord sur tout, on est plus fort.e.s ensemble et nous constatons déjà que ça marche. Notre coopérative a des impacts très positifs :

- Cette année ce seront 3milions d'euros qui auront été dépensés à La Cagette et pas dans des enseignes de grande distribution

- Ce seront plus de 700 000€ qui auront été achetés à des producteurs en direct, en les rémunérant beaucoup mieux que ne le font les grossistes. Ce qui participe à faire vivre de nombreuses personnes autour de Montpellier.

- Sans compter toutes les belles rencontres, et les activités organisées par les membres dans le quartier.

Cela dit, nous espérons que les discussions politiques entre les coopérateur.ice.s, la circulation de l'information feront évoluer les pratiques de nos membres car c'est absolument nécessaire. Nous ne faisons pas assez bien ce travail d'animation et d'information et nous sommes très ouvert à ce que des coopérateur.ice.s s'implique sur ce sujet (organisation de débats, projections, écriture de texte...etc), tout est envisageable, venez nous aider !

Si ça t'intéresse, je t'invite à lire ce document (dispo sur l'espace membre) qui explique le rôle des salarié.e.s acheteurs à La Cagette.

par 🎖Grande ciboulette (430 points)
Cette question peut se poser pour de très nombreux produits, par exemple pour tous les produits contenant du cacao. En effet comme précisé sur la plateforme Suisse du cacao durable (https://www.kakaoplattform.ch/fr/a-propos-du-cacao/difficultes-du-secteur-cacaoyer) "On estime qu'en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux plus grands pays cultivateurs de cacao au monde, environ 1,6 million d'enfants travaillent dans les exploitations de cacao de leurs familles. Cela correspond à environ 45 % des enfants vivant dans des familles d'agriculteurs dans les régions productrices de cacao. .../..." Autre site : https://www.cocoainitiative.org/fr/les-problematiques/le-travail-des-enfants-dans-le-cacao
Alors que faire ? Si on ne vend plus rien contenant du cacao (impossible d'être certain à 100% que nous ne vendons pas des produits contenant du cacao venant de Côte d'Ivoire ou du Ghana par exemple) les gens iront en acheter ailleurs, et ça n'aura aucun effet sur la source du problème. Comment sensibiliser l'ensemble des consommateurs à la question du travail des enfants dans la culture du cacao et à l'arrêt de la consommation de chocolat ? Peut-être en organisant un boycott national du cacao pour exercer une pression importante sur la filière ? Cela aurait-il une réelle portée sur le marché à moins que la France n'interdise l'importation de cacao ? Et quand bien même cela serait-il suffisant pour détourner tous ces petits producteurs de la culture du cacao vers des cultures vivrières ?
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